(photo Amédée Besset, chevet de la cathédrale)

Située au sommet de la colline sur laquelle s'est étendue au fil des ans la ville de Rodez, la cathédrale Notre-Dame saisit par sa masse imposante, la sévérité de ses assises mais aussi la magnificence de son fin clocher visible à des kilomètres à la ronde.Aujourd'hui encore elle est le symbole de la cité, la mémoire collective ayant toujours en souvenir l'effort commun des habitants pour édifier cette oeuvre de pierre. Et il est vrai qu'il fallut beaucoup d'acharnement, de foi, d'enthousiasme et de constance dans l'effort pour mener à bien une construction considérable dont la réalisation s'echelonnera sur environ trois siècles. Il revient à notre génération et à celles à venir de préserver ce momument meurtri comme toute autre architecture par l'accumulation des ans.

La construction de la cathédrale : une oeuvre collective de près de 300 ans.

L'ancienne basilique s'étant en partie effondrée en février 1276, l'évêque Raymond de Calmont d'Olt procéda à la pose de la première pierre de l'édifice actuel en mai 1277. Les années qui suivirent furent mises à profit pour édifier notamment le chevet. Le clocher constitué d'une tour carrée de pierre et d'une flèche pyramidale de bois fut terminé en 1385. A partir de 1450 commença la construction de la nef qui fut pratiquement menée à bien sous l'episcopat de François d'Estaing. La flèche du clocher ayant été incendiée en 1510, François d'Estaing fit entreprendre une nouvelle construction en pierre, oeuvre de l'architecte Antoine Salvanh et terminée en 1526. Enfin la façade ouest construite sous l'égide de Georges d'Armagnac vint clôturer cet ensemble.

Une oeuvre architecturale présentant une unité d'ensemble mais aussi des styles diversifiés correspondant aux différentes époques de sa construction.

Un style architectural dominant : l'art gothique.

On peut aisément relever dans la cathédrale les caractéristiques propres à l'architecture gothique (cf page liens) mise en oeuvre dans le Nord de la France : voûte d'ogive, localisation des poussées en des points bien déterminés, utilisation de l'arc-boutant, murs ajourés, aspect élancé du monument, superficie importante, nef à déambulatoire et bas-côtés, transept peu marqué, hauteur de voûte impressionnante.

Un ensemble monumental sobre et harmonieux.

De par ses dimensions (longueur totale : 101,57 m, largeur : 36,89 m, hauteur sous clef de voûte du transept : 30m), la régularité et la noblesse de ses structures, la cathédrale s'affirme comme un ensemble monumental imposant et harmonieux. Elle se distingue des cathédrales du nord par une ornementation plus succinte. Ce parti pris de simplicité est dû à l'insuffisance des ressources financières et non à la médiocrité artistique des sculpteurs ou des architectes. On s'en convaincra sans difficulté en contemplant la magnificence d'éléments d'architecture intérieure ou du clocher. Quoi qu'il en soit cette sobriété, voire cette sévérité n'altère en rien la majesté de l'ensemble. Elle confère au monument une identité propre qui selon certains est en accord avec le climat rouergat ou même avec le caractère des habitants.

Des éléments architecturaux de style Renaissance.

Il s'agit du fronton situé en partie haute de la façade occidentale, de la tribune attribuée à Guillaume Philandrier située au fond de la nef côté ouest de la cathédrale, des fragments de la clôture de choeur et de l'arc d'entrée de la sacristie du chapitre.

L'intérieur de l'édifice donne une impression très forte d'unité et d'harmonie.

D'est en ouest, le plan se décompose en une abside à cinq pans suivie de cinq travées avec le déambulatoire et les chapelles, du transept qui se confond dans l'alignement des nefs latérales, d'une nef centrale de six travées et deux collatéraux sur lesquels s'ouvrent les chapelles. Une galerie (triforium) bordée d'une élégante arcature contourne la nef au-dessus des collatéraux.

L'extérieur présente un aspect contrasté entre la rupture de la façade occidentale et la profusion sculpturale des étages supérieurs du clocher.

Celui-ci haut de 87 m. mérite une mention particulière. Les deux premiers étages de forme carrée correspondent à la partie ancienne. Le troisième étage octogonal renfermait l'horlage. Il est orné comme le quatrième de grandes fenêtres de style flamboyant. Les étages supérieurs sont richement décorés de sculptures élégantes. Un magnifique escalier en spiraleconduit au sommet de la tour surmontée par la statue de la Vierge. L'abside est soutenue par de puissants contreforts. Le portail Nord du XIVe s., très mutilé à la Révolution était consacré au couronnement de la Vierge. Le portail Sud de la fin du XVe s. est de style gothique le plus flamboyant. La façade occidentale avait une fonction défensive, d'où ce haut mur sans élément décoratif sauf dans la partie haute percée d'une belle rosace et terminée par un fronton Renaissance.

L'intérieur de la cathédrale renferme un riche mobilier avec notamment le jubé relégué à l'entrée Sud, les stalles richement sculptées, les gisants d'évêques, le buffet d'orgue dont les détails surprennent par leur finesse.

Un chef d'oeuvre à sauvegarder des désordres qui l'affectent.

Fondée sur le roc, à quatre cannes sous terre, la Cathédrale est parfaitement stable, n'en déplaise aux légendes la décrivant, terre à mi-corps, posée sur quelque bouche de volcan ou encore sur un lac d'où l'on naviguerait de cryptes en souterrains...

Bâtie à partir de 1277, elle a bénéficié des connaissances de l'expérience des grandes cathédrales du Nord de la France dont elle a parfaitement assimilé la technique et les principes de stabilité : sa structure, son voûtement, son jeu de poussées et d'arcs-boutants sont parfaitement équilibrés.

D'où une stabilité, à toute épreuve, mis à part quelques déformations observées dans la tour Nord-Ouest fragilisée par les évidements de l'escalier à double révolution. Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter de la survie générale du monument.

DEGRADATIONS

En revanche la masse surabondante des maçonneries de grès, rouge ou rosé, festonnée d'innombrables sculptures, souvent raffinées, enrichie de multiples pinacles, gâbles et balustrades, animée de figures d'apôtres et de saints, peuplée d'un bestiaire impressionnant d'animaux fantastiques, gargouilles, chimères et chantepleures, est particulièrement menacée par la désagrégation des parements.

Cela tient à la nature du matériau, le grès, dont on sait qu'en dépit du soin pris à la bien choisir, on n'est jamais totalement sûr de sa resistance à l'abrasion du temps, du vent, des intempéries.

710 cycles hiver-été, plus de 255 000 cycles diurne-nocturne avec une amplitude d'écarts thermiques exceptionnelle, ne peuvent laisser intact un épiderme aussi sensible. Ajoutez à cela la pollution urbaine arrivée avec l'usage massif du charbon, du mazout, de l'essence dont la combustion dégage des composés sulfureux qui se déposent partout et cancerisent les pavements. L'aggravation du phénomène est impressionnante depuis le début du siècle.

Le mal agit le plus souvent sous forme exfoliante : le parement se soulève par plaque ou par pellicule, cloque puis se décolle de la masse interne de la pierre : les pustules s'agrandissent jusqu'à coloniser la surface totale. Le phénomène est aggravé si la pierre est posée en délit.

Sur d'autres parements, la maladie prend une forme alvéolaire : la pierre est alors rongée de l'intérieur, par une sorte de chancre qui la creuse. Les parties les plus atteintes sont les parties ouvragées. La sécurité publique se trouve menacée par la chute imparable de fragments entiers de modénatures.

Il faut aussi évoquer des risques particuliers d'éclatements de réseaux ou balustrades dûs à l'emploi d'agrafes de fer aujourd'hui corrodées, ou de ravaudages anciens décollés de leur support.

Source : monument historique, la cathédrale Notre-Dame de Rodez

Chronologie des travaux de restauration